Un volontariat épicé : à la découverte du poivre bio de Kampot
Je me replonge dans mes souvenirs cambodgiens pour vous faire partager cette expérience riche et unique de volontariat au milieu du poivre de Kampot.
Je me souviens très bien de notre arrivée nocturne sous une pluie battante, au milieu d’un vacarme assourdissant. Les grenouilles invisibles, mais pourtant en grand nombre, nous ont accueilli en fanfare. Nous nous étions rapidement réfugiés dans notre bungalow en bois dont nous n’avons pu admirer le charme qu’une fois le jour levé.
Nous nous sommes réveillés à l’écart du monde, sans eau courante, ni électricité.
Les employés vivent en famille sur la propriété et Sothy, jeune cambodgienne, mène la barque avec son mari allemand, un amoureux du Cambodge qui a beaucoup fait pour ce pays. Ami du premier ministre, il y a quelques années, il a réintroduit les vaches dans le pays et à beaucoup œuvrer pour aider les paysans.
Aujourd’hui, il a repris cette ferme autonome en électricité avec sa femme et ils font fructifier leur travail avec passion.
C’est dans cet univers loufoque que nous étions immergé : au carrefour d’un fonctionnement occidental et asiatique, où la rigueur allemande s’est mélangé au chaos Cambodgien et où la vie en groupe fait face à un couple décalé.
C’est dans la ville de Kep, (région de Kampot) au sud du Cambodge que nous avons tout appris sur l’un des poivres les plus célèbres du monde : le poivre de Kampot.
Il bénéficie d’une Indication Géographique Protégé (IGP), reconnue par l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et qui désigne les produits dont les caractéristiques sont liées à une zone géographique.
Effectivement, le quartz présent dans les sols de cette région fourni des minéraux qui rend ce poivre si savoureux.
La récolte s’était effectuée de mars à juin. Nous étions donc dans l’étape suivante : trier et conditionner.
Nous avons passé des heures assis au sol, le nez remplis d’effluves fruitées et épicées et les papilles aguichées par les saveurs aromatiques et piquantes de ces grains aux quatre couleurs.
Nous retirions patiemment à la pince à épiler, les grains cassés, brûlés et pourris. C’est ce triage manuel qui assure la qualité de ce poivre !
Les mains dans les épices, nous tentions de communiquer sans grand succès avec les employés Khmers, notre méconnaissance de leur langage nous menait malheureusement dans d’innombrables impasses. Par conséquent, nous avons passé du temps à observer leurs gestes lents et désintéressés ainsi que leur facilité à s’oublier dans leurs hamacs.
Face à des adultes occupés par leurs obligations professionnelles, les cris des enfants raisonnaient au rythme de leurs jeux. Nori, le plus audacieux et le plus inépuisable, s’attachait rapidement à nous, une vraie boule d’énergie et une authentique bouille d’amour, Lukina, plus âgée mais plus timide, s’approchait à pas de loup et s’apprivoisait à l’aide de temps, de patience, de quelques stylos et de la chanson française « 3 petits chats ». Dino, le plus jeune restait plus facilement dans les bras de sa maman, mais ne manquait pas de vadrouiller dans nos pattes quand l’envie lui prenait.
Une jeune chienne énergique, un couple d’oies plus efficace que des chiens de gardes, 2 paisibles vaches, 1 chat paresseux, 1 chatte autonome et ses 3 chatons tout mignon complétaient cette famille atypique qui vivait à la Sothy’s Pepper Farm.
En pleine saison des pluies, l’atmosphère était chargée d’humidité, le ciel s’assombrissait aussi souvent qu’il dévoilait ses plus beaux atouts. La moiteur de l’air s’estompait face aux averses dont la durée semblait dépendre de la seule volonté du firmament.
Nous avons rapidement pris le rôle de guide touristique, car des familles, des couples et des backpackers venaient de tout pays curieux d’apprendre d’où venait ce fameux poivre de Kampot.
Ce travail a engendré de belles rencontres et d’enrichissants échanges autour de nos connaissances fraîchement apprises sur cette exploitation et sa production.
D’où viennent les couleurs du poivre de Kampot ?
Ils viennent tous de la même plante. Les grains frais sont naturellement verts et rougissent en mûrissant.
Les verts séchés au soleil deviennent du poivre noir, fort et piquant en bouche et les grains rouges sont divisés en 2 parties.
La première est séchée directement au soleil et produit un poivre rouge très fruité. La deuxième partie est bouillie, ce qui fait perdre sa peau aux grains et donne un poivre blanc aux arômes beaucoup plus subtils.
Pour obtenir une telle qualité, aucun produit chimique n’est utilisé à la Sothy’s Pepper Farm. Seule la feuille de Neem fermentée aux odeurs agressives est dispersée sur les plants pour éloigner les insectes. Quant aux engrais, les plantes se nourrissent des fientes de chauve souris trouvés dans les grottes voisines ainsi que de quelques bouses de vaches séchées !
Contrôlés régulièrement, ils jouissent du label bio EcoCert français.
Je ne peux terminer ce récit sans évoquer les douceurs fruités qui garnissaient nos assiettes. Des centaines d’arbres fruitiers surplombaient leur terrain et donnaient pour notre plus grand bonheur des mangues, des ananas, des ramboutans, des mangoustans, des longanes et des fruits du jacquier tous aussi goûtus et charnus les uns que les autres.
Du frais, du bio, du jardin, nos papilles ne se sont jamais rassasiés de ces petits trésors Cambodgien. Les savoureux repas de Sothy ainsi que les quelques virées au restaurant n’étaient que la cerise sur le gâteau.
En tout cas, chaque expérience aussi intense soit-elle arrive un jour à son terme. D’autres volontaires venaient prendre le relais, nous avons donc repris un bus direction Phnom Penh pour sauter dans un avion qui nous a mené tout droit à Kuala Lumpur.
Mais ce sont d’autres souvenirs que j’ai hâte de vous partager.
Hôte trouvé sur Workaway
Temps de travail : 6 jours de travail par semaine. Les heures de travail peuvent être très variable mais c’est généralement 4h/jours. Même s’il nous arrivait de faire d’avantage lorsqu’il y avait énormément de touristes.
Le travail consiste à la récolte pendant la saison, trier et conditionner le poivre et faire les tours en français voire en anglais.
Repas : 3 repas compris avec la possibilité de manger végétarien/vegan. Sothy ainsi que son personnel cuisine pour tout le monde et les repas sont excellents.
Logement : Vous aurez un grand bungalow dans la Nature, sans eau courante. L’électricité est fournie grâce à des panneaux solaires.
Internet : ils ont des cartes rechargeables et le wifi est disponible la journée dans les parties communes. La connexion est tout à fait suffisante pour communiquer et surfer un peu.
Pour plus d’informations et plus de photos, je vous invite à lire l’article de The beauty is in the walking, un couple qui a passé 2 semaines de bénévolat dans cette même ferme, peu de temps avant nous et en période de récolte du poivre.
Alors, cette expérience vous a plu ? Vous avez des questions sur le poivre, une envie soudaine d’aller les aider ou vous bavez à l’idée de manger leurs fruits ?
Dites-nous tous, les commentaires sont là pour ça !
Salut les amis,
Sympa le lieu pour faire du volontariat.
Je découvre avec votre article la « fabrication » des différents poivres…
Je ne savais pas que le poivre blanc était obtenu en le faisant bouillir ni que tous les poivres étaient obtenus à partir du même grain !?
Je me coucherai moins bête ce soir 😉
A bientôt
Bel endroit le cambodge.
Cédric Articles récents…Siem Reap Phnom Penh en bateau
Contente de lire que cet article t’a appris des choses 🙂
Quant au Cambodge, c’est certainement un bel endroit mais j’ai comme la sensation d’être passé à côté 🙂
Salut ! Je suis en ce moment en voyage au cambodge et je cherche à faire plusieurs volontariat pour découvrir la culture du pays. Un volontariat qui me tient particulièrement à cœur et d’aider dans une ferme de poivre. Seulement j’aimerais ne pas passer par workaway car mon budget et assez serré..
Pensez-vous qu’il serrez possible que vous m’envoyiez les coordonnées de cette ferme (ou d’une autre, si jamais vous avez leurs coordonnées) afin que je puisse entrer en contact avec eux ?
Merci mille fois pour votre article qui me donne encore plus envie de trouver un volontariat !!
Elise
Merci pour ce récit ! Ça nous a replongé dans cette belle expérience, l’ambiance sympathique, le merveilleux poivre, les fruits divinement bons et les adorables petits monstres qui courraient partout. Je vois que vous en avez bien profité aussi. 🙂
Véronique Articles récents…Retraite de méditation en Thaïlande – retour d’expérience
Bonjour Véronique ,
Tu as tout bien résumé en quelques lignes, oui nous avons profité de tous les avantages de la Sothy’s pepper farm 😀
Bonjour et merci pour cet article !
J’aurai voulu sur quelle forme était basé ce volontariat ? étiez-vous nourri et logé en échange des heures de travail, ou bien aviez-vous une contribution financière à apporter pour votre prise en charge? Merci beaucoup pour la réponse !
Bonjour Macha,
Comme indiqué dans l’article, nous sommes passés par le site Workaway.
On paye une inscription d’une trentaine d’euros à l’année et on a accès à tous les hôtes pour la durée d’une année.
Sur place, nous étions logés/nourris en échange d’un temps de travail variable sans aucune autre contribution financière.
J’espère avoir répondu à ta question et que tu trouveras ton bonheur parmi les nombreux volontariats !
Wahouuu nous sommes passés une journée visiter cette même propriété où nous avons été chaleureusement accueilli par un anglais bénévole. Quel beau souvenir. Merci pour les photos qui réussissent même à me faire rappeler le goût du poivre frais!
Charlieandgrr Articles récents…Kampot, capitale du poivre et de la quiétude #1
Bonjour Charlie,
Je suis ravie que nos photos aient pu te faire saliver aux souvenirs du poivre frais mais surtout que l’accueil est toujours à la hauteur de ce que nous avons connu.