Découvrir le Japon autrement ? Osez l’auto-stop !
« Mais c’est super dangereux l’auto-stop »… « Tu sais jamais sur qui tu peux tomber », « il y a des fous partout »…
J’en ai pleins d’autres en stock car c’est, à quelques détails près, ce qui trottait dans ma tête il n’y a pas si longtemps que ça.
« Monter dans la voiture d’un inconnu … Moi, jamais ! »
Je me revois quelques années auparavant, devant le collège, quand le bus scolaire nous a lâchement abandonné et qu’il fallait rentrer à la maison.
Mes camarades et moi, nous nous sommes mis à marcher le long de la route, plus penauds que dégourdis. Je me revois stressée, quand une voiture s’est arrêtée pour nous proposer de nous ramener.
Que vont penser mes parents ? Est-ce que je vais me faire embarquer ? Vous imaginez bien que rien de bien méchant ne s’est produit et que je suis rentrée entière jusqu’à mon domicile.
Mais ce n’est pas pour autant que j’ai renouvelé l’expérience de sitôt. Il en aura fallu des années pour effacer les idées reçues imprimées par la société. Il en aura fallu de la lecture pour que je commence à m’ouvrir à ce type de démarche. Et il aura fallu un Japonais pour m’aider à franchir le cap.
Car tout a commencé au Japon, un des derniers pays où j’imaginais que l’auto-stop était possible. Ce pays à la culture très forte, où l’apparence et les manières sont primordiales, abrite pourtant des personnes capables de laisser entrer des inconnus dans leurs voitures.
D’Ayabe à Kyoto, nos premiers pas en auto-stop
Tout a commencé à Ayabe, petit village de campagne à 1h30 de Kyoto, dans notre workaway. Notre hôte est jeune dans sa tête et rêve toujours autant de voyage.
Lui : Ça marche très bien l’auto stop au Japon, vous devriez tenter !
Nous : Oui, pourquoi pas…
Sans vraiment y réfléchir et en écoutant à demi-mots nos réponses évasives, il nous a préparé notre carton en Kanji (écriture japonaise) et nous a expliqué où nous poster en nous souhaitant bonne route.
Une fois dans le bus, perplexe, j’ai demandé à Guillaume :
« Tu as compris où on s’arrête ? »
« Pas vraiment et toi ? »
« Euh … »
Ça commençait bien… Dans un moment d’incertitude, j’ai appuyé sur le bouton « Stop » et on s’est retrouvé loin de la gare, loin de tout, on avait plus le choix, on a pris la direction et on a attendu.
« Et si personne ne s’arrête », et « si on est mal placé », et « si on ne se comprend pas », et « s’il nous demande de payer », et « si on tombe sur un tueur en série » … Et si, et si, et si …
J’imagine que tout tient à peu de choses. Car effectivement, si on avait attendu des heures ce jour-là, est-ce qu’on aurait recommencé ? Si personne ne s’était arrêté est-ce qu’on aurait gardé confiance dans le hasard de la route ?
Ces questions, je n’y répondrais jamais, car un monsieur d’une quarantaine d’années s’est arrêté au bout de 10 min et nous a déposé dans la banlieue de Kyoto.
Une première expérience bien silencieuse dont nous sommes ressortis frustrés. Au Japon, ils parlent peu anglais et nous ne saurons jamais pourquoi il a accepté de nous accueillir dans sa voiture.
Pourtant nous avons persévéré et tout s’est enchainé
D’Osaka à Himeji (aller/retour)
Après 20 min d’attente dans le froid et 1h30 de route, nous sommes arrivés à Himeji avec un travailleur du dimanche qui ramassait pour la première fois des voyageurs au bord de la route.
Là-bas, nous avons vécu notre expérience dans un restaurant et visité le magnifique château d’Himeji que nous avons trouvé fabuleux malgré les rénovations.
Nous avons ressenti nos premières incertitudes à Yobe, lorsqu’il nous a fallu attendre une voiture près d’une heure sur une aire de repos.
1h d’attente … 1h de sourire et de regards amusés ! 4 cafés offerts plus tard, un petit garçon semblait chercher à convaincre son père de nous prendre dans leur voiture de collection ! Et pour notre plus grand plaisir, il a réussi.
1h de route à me cogner la tête à chaque nid de poule. Ceux qui me connaissent comprendront que le toit n’était vraiment pas très haut 🙂
D’Osaka à Kyoto : notre première invitation
C’est à Kyoto qu’on nous a proposé de nous emmener après 30 secondes d’attente :
Lui : « Kyoto ? »
Nous : « Yes »
Lui : « Kyoto – Mom »
Nous : « Heu .. »
Oui je vous l’accorde, l’anglais n’est pas la spécialité locale. On s’est même demandé si on se comprenait vraiment.
Le jeune homme était à pied et nous emmenait dans la direction opposée. Et pourtant, sa mère l’attendait dans une voiture et en quelques minutes nous étions en direction de Kyoto. On a passé 1h30 à parler de voyage, de Paris, des Français et des Japonais. Nous avons dû refuser avec déception leur invitation à venir chez eux.
À Kyoto, nous y avons découvert une ville magnifique, riche en histoire. De nombreux temples, des jardins et des couleurs sublimes. Nous sommes littéralement tombés sous le charme des ruelles, des femmes en kimonos et de l’architecture.
De Kyoto jusqu’à Nagoya : première pluie
Tokyo nous semblait un incontournable, nous avons donc pris la route direction Nagoya.
Nous avons expérimenté notre première attente sous la pluie. Des organisateurs de mariages et des ouvriers dans leur camion ont transformé le voyage en de nouvelles découvertes.
Nagoya n’a pas eu grand-chose à nous offrir, si ce n’est la rencontre de Hyo, notre couchsurfeur qui a adoré nos crêpes et nous a offert la compagnie de ses chats.
Nous avons donc préféré repartir rapidement de Nagoya pour découvrir le Mont Fuji.
De Nagoya à Fuji : nos premières vraies galères
Notre CS nous a déposé sur un axe passant, mais malheureusement pas le plus pertinent.
Du coup, on a patienté une bonne heure et demie dans le froid… Nos estomacs se sont bien remplis (des cafés, du pain et des mandarines offerts à plusieurs reprises), mais ça n’arrêtait pas pour autant les voitures…
C’est alors qu’un conducteur nous a conseillé de faire plusieurs panneaux afin de découper notre trajet. Une Philippine qui parlait anglais nous a prêté main forte.
Je me suis fait embarquée dans une usine où 6 personnes m’ont préparé nos nouveaux cartons pour la route.
« Don’t give up » (n’abandonne pas) me dit-on avec un énorme sourire
Avec leur aide, on a réessayé. Mais après 5 min, une des filles nous a rejoint et nous a annoncé dans un bon anglais :
« My father takes you to the next step » (Mon père vous emmène jusqu’à la prochaine étape)
C’est avec le sourire que nous sommes montés dans leur voiture, heureux d’avancer. Rina, elle est super, elle a étudié au Canada et rêve de se rendre un jour en France. On lui promet qu’on sera là pour elle, si elle a besoin d’aide.
Ce n’est qu’à la fin du trajet, que nous avons réalisé que la « prochaine étape » était à plus d’une heure de route. Une heure de détour juste pour nous aider. Nous, on n’en revenait pas…
Une fois déposés au bon spot, 2 autres voitures se sont enchainées tellement rapidement que Guillaume a à peine eu le temps de s’esquisser pour aller au toilette.
Je me souviendrai toujours de ce dernier trajet de la journée. Un conducteur qui ne cessait de nous parler en japonais avec de grands sourires, nous ne comprenions rien mais l’ambiance était sympa.
Et pendant les discussions, il est apparu dans toute sa splendeur, à la sortie d’un tunnel on a aperçu le Mont Fuji. Qu’est-ce que ça a du bon d’être en voiture parfois !
Mais on ne s’est pas arrêté à ça, nous nous sommes rendus à un des cinq lacs pour l’admirer de plus près.
De Fuji à Tokyo : ou comment devenir un porte-bonheur
Nous avons continué notre route pour Tokyo ! Après 5 min d’attentes, une petite voiture bien remplie s’est arrêtée, l’homme souriait, la femme semblait réticente et rechignait à ranger la voiture pleine de fouillis. Pourtant, ils l’ont fait. On a constaté un costume, des chaussures, des valises et on a tenté de rien abimer avec nos deux énormes sacs.
Puis le contact s’est doucement établit. Ils allaient à Tokyo pour se marier le lendemain. Nous prendre sur la route était une façon de leur porter bonheur 🙂
Tokyo, grande capitale qui nous a laissé de glace, sans locaux pour nous guider, on s’est senti perdus dans cette ville démesurée. Nous y avons passé 2 nuits, le temps de la survoler et de la quitter.
De Tokyo à Kyoto : rien de plus facile !
Notre dernier trajet, fût un peu fou, le retour jusqu’à Kyoto a commencé par l’accès à une station d’autoroute en toute illégalité, mais dont la porte était ouverte (juste pour nous bien sûr :p), pour se finir après 5 min d’attente (top chrono) dans la voiture blindée d’une famille déjantée mais bien charmante.
C’est devant la gare de Kyoto que notre histoire d’auto-stop s’est achevée dans des sourires, des remerciements et beaucoup de générosité.
Libérée des a priori
D’un trajet à l’autre, nous avons pris de plus en plus confiance. Nous avons apprivoisé les regards incrédules et les yeux ébahis qui nous fixaient. Les Japonais sont tellement généreux qu’on ne pouvait plus s’arrêter.
Les rencontres étaient parfois silencieuses et respectueuses, mais souvent la route devenait le lieu magique de rencontres improbables.
J’aimerais terminé cet article en remerciant tous ceux qui un jour se sont arrêtés sur le bord de la route, qui ont ouvert leur porte à deux étrangers et qui ont partagé quelques heures de leur vie avec nous.
Merci d’avoir effacé mes doutes et balayé des années de lavage de cerveau.
Non l’auto-stop n’est pas plus dangereux que prendre le bus et je n’ai qu’une hâte : recommencer dès que j’en aurai l’occasion.
Où faire de l’auto-stop
Devant les convenience store
7-Eleven / Family Mart / Lawson : Ces petits supermarchés sont de très bon spots. Les Japonais s’y arrêtent régulièrement pour acheter à manger et à boire.
Sur les axes routiers
Service area ou SA
Ce sont les aires de repos sur les routes avec généralement une station essence et un magasin.
Parking Area ou PA
Des aires de repos qui n’ont que des toilettes et elles sont beaucoup moins fréquentés. Privilégiez les SA dans la mesure du possible.
Écrire en Kanji
Cela peut vous paraitre compliqué mais c’est plus amusant que ça en a l’air et vous augmentez considérablement vos chances d’être pris.
Avoir un traducteur avec soi
Comme toujours, l’application Google Translate en mode offline (avec le dictionnaire Japonais téléchargé bien sûr :p) vous permettra de pouvoir poser quelques questions, de remercier ou tout simplement de vous faire comprendre. (Android ou iPhone)
Avoir une carte
Il est très difficile de communiquer en anglais. Avoir une carte vous permet d’échanger sur l’endroit où va votre chauffeur et là où il peut vous déposer. Nous utilisons toujours le GPS sur notre smartphone avec l’application Maps.me. (Android ou iPhone)
Sourire
Oui, sourire 🙂 Parce que même si cela fait 2 heures que vous attendez sous la pluie ou dans le froid, les conducteurs s’arrêteront plus facilement face à votre bonne humeur 🙂
Tout comme écrire en Kanji, cela augmente considérablement vos chances. Cela montre que vous avez fait un effort.
Et vous, avez-vous déjà tenté de voyager en auto-stop au Japon ?
Si non, j’espère que cet article vous a convaincu ou alors je ne peux plus rien pour vous 😉
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- https://www lemondeadeux com/decouvrir-le-japon-autrement-osez-l-auto-stop
Super expérience ! Nous allons essayer dans faire dans la plupart des pays de notre tour du monde, même si Romain est un peu frileux à l’idée d’en faire… moi j’adore ! je trouve que c’est génial pour faire des rencontres. J’ai déjà testé en France et en Grèce et à chaque fois de très bonnes surprises 🙂 Merci pour votre article qui le rassurera encore plus j’en suis sûre ! A bientôt
Pour moi c’est vraiment un moyen différent pour découvrir un pays. J’étais très anxieuse au début, puis finalement c’est comme tout, avec l’expérience l’appréhension s’efface au fur et à mesure.
En tout cas tant mieux si ça peut le rassurer, c’était le but de l’article.
Et bonne route !
il n’est jamais trop tard pour apprendre que sa progéniture a fait de l’auto stop.
Cependant je te le concède à cette époque je te l’aurai absolument interdit 🙂
Je reconnais ton humour 🙂 Surtout que prendre le train en France à l’heure actuelle ne semble pas plus sécurisé 😉
Tres bon site qui met en avant la veriter sur l’autostop au Japon et la generositer des japonais en ce qui concerne la prise en charge en voiture.
L’auto-stop et le ridesharing sont des possibilites de transport qui deviennent tout a fait possible.
Pour ceux ne parlant pas japonais. Il y a peut etre un site interessant pour faire du ridesharing ici http://www.noritomosan.com/
Un autre site pour voyager pas cher au japon -> http://www.nomadicmatt.com/
Merci pour ton compliment et merci pour les liens que tu donnes qui permettent de compléter cet article. Il est vrai que beaucoup ont des idées reçues sur le Japon (nous avions les mêmes) et c’est fou de voir que ce n’est pas plus compliqué qu’ailleurs pour un backpacker d’y voyager.
Canon votre article !!!! Je suis tombée dessus par hasard, Merci Google, vous êtes très bien référencé ! :-))))
On s’apprête à finir notre voyage par le Japon et on cherche à minimiser les couts car après 2 ans de voyage, on commence à être dans le rouge !
On avait déjà expérimenté le stop en Asie du sud est et on s’était dit que ça serait un bon challenge de le faire au Japon. Votre article nous a conforté la dessus ! 🙂
Ça a l’air terrrrrrrible !
Bonjour Julie,
Je suis ravie que cet article vous motive, c’était exactement le but !
Passez nous donnez un retour sur votre expérience, je serai ravie de la lire !
Bonne route
Bonjour, merci pour toutes ces infos !
Je pars avec ma fille de 13 ans au Japon la semaine prochaine. Je n’ai pas pris de pass pour le train et je me tâte pour l’auto-stop. Je cherchais une solution à la blablacar, mais je vais quand même tenter le stop… Je vous dirai comment ça s’est passé…
Merci pour la partage, ça donne envie !
Petite question, utilisant un mode de transport très fluctuant, comment avez vous fait pour les logements ? Aviez vous réservé des lieux en avance ou alors est-il possible de faire au jour le jour ? Voire même y’a t il un moyen de loger chez l’habitant ?
Merci !